Les Pêcheurs voyageurs

Nous voici en Irlande pour quelques jours de pêche dans le Donégal.

Le Donégal est une région que l’on rejoint depuis Dublin par une route agréable. Après 2h30 de ballade nous arrivons dans le village de Pettigoe au Fisherman’s lodge. Nous sommes accueillis par Charles Couédic et Joel Sourbet, moniteurs guide de pêche qui nous font visiter cette bâtisse au bord de la rivière. La première chose marquante est l’ ambiance irlandaise du lieu avec un salon salle à manger immense en boiseries. De la fenêtre nous appercevons les gobages de truites sur la rivière Termon. Ensuite visite du petit magasin de pêche ou l’on trouve l’essentiel et passage par la cuisine pour un petit café.

A l’étage les chambres sont confortables avec salle de bains et moquette au sol

Charles nous indique qu’il y a 4 pubs dans le village…nous verrons cela ce soir car nous sommes venus pêcher !!

La région du Donégal à l’avantage de permettre la pêche du saumon de la truite et du brochet sur un rayon très restreint autour du lodge et c’est aussi cela l’ attrait de venir ici.Après avoir discuté avec Joel et Charles direction le pub pour la premiere Guiness ! Un bon feu nous réchauffe et nous sommes surpris par la qualité du repas avec un chef qui connait maintenant la cuisson des viandes à la française

La première journée est consacrée au brochet avec Charles comme guide. Il nous embarque sur son Carolina skiff pour découvrir l’immense lac Erne. Ici hors de question de pêcher sans bateau car les berges sont difficilement accessibles à cause des roselières et des arbres. Il nous sort sa boîte contenant environ 200 leurres et nous fait pêcher avec des Bulldawg (gros leurres souples) Cela nous permet de prendre rapidement 4 poissons autour de 80 cm. Puis nous changeons de poste et pêchons au Buster sur des tombants. Le poisson de la journée nous récompense (1m12). Charles toujours souriant nous fait découvrir anses et baies qui sentent le poisson à plein nez. La journée se termine avec un score de 15 poissons au bateau. Mais vraiment de beaux poissons le plus petit faisant 65 cm.

Pour la deuxième journée il nous propose la truite et nous pêchons au toc le matin et mouche l’après midi. Dès le matin les prises s’enchaînent avec sur la même veine d’eau 5 ou 6 poissons piqués. A la fin de la matinée nous avons piqué 25 poissons maillés chacun. La densité est incroyable. Les tailles ne dépassent toutefois pas 40 cm avec une moyenne de 25/27 ce qui est honorable

Pour ce dernier jour Joel nous guide sur le saumon, nous y sommes à la meilleure période et les autres pêcheurs présents en prennent …à nous de jouer

Nous pêchons aux leurres sur les conseils de Joel même si la mouche est intéressante au vu des niveaux d’eau. La rivière fait entre 10 et 25 m de large. Joel nous montre la technique qui est simple et efficace puisqu il est le premier à piquer un saumon d’environ 8 livres. Puis c’est à notre tour de mettre au sec 3 saumons dans la journée. Il sefait tart, il est temps de rentrer et de terminer ce séjour par une dernière pinte et de retourner prendre l’avion pour un retour en Fance. De superbes paysages, un accueil très convivial et une excellente pêche et pleins de souvenirs du Fisherman’s lodge à raconter

Pêcher ailleurs : Irlande (photo magazine Salmo)

La Pêche et les Poissons

Pettigoe : voyage au cœur de l’Irlande profonde
La diversité halieutique qu’offre le secteur et la grande souplesse de la formule proposée au Fisherman’s Lodge ne peuvent que séduire le pêcheur désireux de découvrir « autrement » ce coin perdu d’Irlande, ses lacs, ses rivières et ses poissons.
L’Irlande reste incontestablement la destination halieutique préférée des pêcheurs français. La raison de cet engouement : du poisson en très bonne densité, une pression de pêche faible ou même dérisoire pour certaines espèces très prisées dans l’hexagone (brochet, truite, poisson blanc), mais aussi la beauté des paysages, un accueil chaleureux, des prix abordables, des trajets courts. En bref, l’Irlande c’est le dépaysement sans la galère, et à deux pas de chez nous.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que vous soyez si nombreux à vous y rendre chaque année, ou à rêver de le faire, notamment pour la pêche du brochet, qui reste avec la truite notre poisson de prédilection. Il existe de nombreuses formules de voyage, depuis la prise en charge intégrale qui laisse peu de place à l’imprévu jusqu’à l’organisation perso plus ou moins réussie. Beaucoup de « déçus de l’Irlande » se recrutent dans cette dernière catégorie, car les irlandais n’étant pas du tout pêcheurs de brochet, mis à part dans quelques secteurs très (trop ?) connus rien n’est vraiment prévu sur place concernant l’information, la location de barque, etc. Si l’on fait un mauvais choix au départ on est souvent condamné à y rester faute de solution de repli.

La formule proposée par Sylvain Duvinage prend en charge l’essentiel de l’organisation matérielle sur place mais vous laisse une grande liberté de choix, avec possibilité d’improvisation et de séjours à la carte.

En fait quasiment toutes les formules sont possibles, en fonction de vos envies ou besoins : vous pouvez venir seul ou en groupe, pour un week-end ou une semaine, arriver et partir les jours qui vous arrangent, vous faire la cuisine ou opter pour une pension complète, pêcher le lac que vous voulez, aller au brochet ou à la truite, etc. C’est cette souplesse qui fait à mon avis l’originalité des séjours au Fisherman’s Lodge

Concrètement, comment se déroule le séjour ? Vous vous rendez par vos propres moyens à Pettigoe, dans le comté de Donegal (vers Sligo, à la frontière avec l’Irlande du Nord). Cela représente environ 2h30 heures de voiture depuis Dublin

Sur place vous êtes hébergé en chambre de 2 ou 3 lits (possibilité de chambre individuelle avec supplément) au Fisherman’s Lodge (Lodge du Pêcheur), où vous pouvez préparer vos repas (2 cuisines à disposition). À moins que vous n’optiez pour la pension complète au pub de l’autre côté de la rue : petit déjeuner « à l’irlandaise » (c’est à dire très copieux), panier casse-croûte pour le midi, et repas du soir au pub (heureuse surprise : la cuisine est très correcte et supporte la comparaison avec celle d’un restaurant français).

Bien entendu vous êtes guidés, conseillé et orienté vers les coins qui paraissent les plus propices selon les circonstances, mais rien n’est imposé et vous conservez votre libre arbitre quant au choix du lieu et des horaires de pêche. Si vous décidez de faire le coup du soir et de ne rentrer qu’à 21h, vous pourrez souper au pub sans problème ni remarques acides. Une facilité appréciable qui n’existe pas avec l’hébergement en B&B.

Le potentiel halieutique est des plus intéressants. Les lacs sont nombreux et de profils très variés. Cela va de l’immense Lough Erne, alimenté par la rivière du même nom, au petit étang tourbeux perdu dans des landes désolées, en passant par la retenue artificielle, le lac profond dont les anses sont envahies de nénuphars géants ou encore le magnifique Lough Derg qui vous transporte dans les Territoires du Nord-Ouest canadien.

Tous ces lacs sont peuplés en brochet, la plupart contiennent également de la truite, certains du saumon. En dehors de la saison de la mouche de Mai, la pression de pêche de la part des locaux ne peut même pas être qualifiée de faible, elle est tout simplement inexistante, voire même carrément nulle en ce qui concerne le brochet.

D’après Sylvain certains lacs reculés n’auraient encore jamais été pêchés à la ligne… On sait que les irlandais ne sont pas très férus de pêche du brochet, qu’ils considèrent souvent comme un sous-poisson, mais en plus de cela le Donegal, confiné entre l’Irlande du Nord et une façade maritime aux falaises vertigineuses, reste une région encore mal explorée et sous exploitée, halieutiquement parlant.

De là à promettre monts et merveilles, des captures de gros brochets à la pelle, il y a un pas que je me garderais bien de franchir, car chacun sait qu’à la pêche il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Disons qu’il y a beaucoup de brochets, et qu’il y en a pas mal de gros, donc tôt ou tard on a la possibilité de tomber sur un jour faste et de se « gaver ». Ce n’est d’ailleurs pas particulier à ce secteur, un peu partout en Irlande il est possible de faire un carton ou un monstre si l’on a la chance de bien tomber.

Le choix de la technique la plus productive dépend en grande partie du lac qui a été choisi, car les profils sont variés. On trouve des secteurs très caillouteux ou alternent haut-fond rocheux (parfois dangereux pour la navigation) et grandes fosses, et qu’affectionnent les poissons certains jours. On les prospecte en dérive au lancer (poisson nageur ou cuiller) si le poisson est sur les hauts-fonds ou à la traîne s’il se suspend au dessus des fosses (comportement familier des grosses pièces). Le sondeur permet de se rendre compte rapidement de la situation.

On trouve également des bordures ou les joncs et nénuphars s’avancent très loin vers le large, ou encore de vastes baies qui ne sont qu’un champ d’herbier affleurant presque à la surface. C’est évidemment un paradis pour le brochet et les amateurs de pêches de précision. La périphérie et les trouées importantes se pêchent avec des leurres classiques, mais si l’on veut fouiller dans les recoins il faut des leurres anti-herbe, par exemple jig, spinnerbait ou leurre souple sur montage texan pour les coins les plus encombrés. Le leurre de surface peut donner des résultats dans quelques secteurs, mais ce n’est pas ce qui marche le mieux.

Beaucoup de plans d’eau, bien que privés, sont laissés libres à la pêche, donc il faut se montrer très respectueux, si tant est qu’il faille une motivation pour se faire. Le Lodge n’est pas un endroit « collé monté » où l’on va vous donner à longueur de journée des leçons de maintien et de savoir vivre halieutique dans une ambiance austère très victorienne. Même si c’est la frontière et si le purgatoire de Saint Patrick est à deux pas, on est en Irlande du Sud et je peux vous assurer que si vous savez vous amuser la convivialité sera au rendez-vous.Jolies farios à cueillir

Il y a également de très belles possibilités sur place pour la truite en rivière. Bien souvent en Irlande la fario est abondante mais de petite taille, hormis dans les lacs. Or une rapide excursion au lancer dans une rivière proche du lodge nous a permis de constater que non seulement la densité est très bonne mais surtout que la taille moyenne tourne autour de 25-28 cm avec quelques poissons de 30-35 et même plus (Sylvain affirme y faire de temps en temps, sur certains pools, des truite proches du kilo). Vu le peu de temps que nous avons consacré à la truite (deux petites heures), c’est un résultat tout à fait encourageant qui montre que dans ce secteur il y a moyen de se faire plaisir autrement qu’au brochet. On sera donc bien inspiré d’amener une canne à lancer léger ou ultra léger, et un assortiment de cuillers et poissons nageurs. La mouche et le toc sont également praticables, toutefois l’encombrement de rives par la végétation complique un peu les choses et impose une progression en wading.

L’Irlande de toujours

Pettigoe, à la limite du Donegal, est un joli « village frontière » irlandais typique, loin de Dublin, de son modernisme et de son agitation. Stratégiquement situé à un carrefour, entre Lough Erne et Lough Derg, entre l’Irlande du Nord et du Sud, Pettigoe a toujours eu une réputation d’hospitalité. En celtique c’est « l’endroit du forgeron » et au moyen âge c’était le point de passage obligatoire pour les pèlerins se rendant au purgatoire de Saint Patrick, célèbre lieu de pénitence situé sur une île de l’austère Lough Derg. Au 17ème et 18ème siècles Pettigoe devient un marché célèbre et dans des périodes plus récentes sa situation fait de lui un « paradis des contrebandiers ». Pettigoe fournit au visiteur une excellente base pour visiter les comtés Donegal, Fermanagh, Leitrim, Sligo, Tyrone et Derry. Outre les magnifiques paysages de landes à sphaignes vallonnées, les villages aux boutiques colorées (une sur trois est un pub) si typiques de l’Irlande, on trouve à portée de voiture une côte rocheuse sauvage et escarpée, avec des falaises maritimes les plus hautes d’Europe.

Truites de mer en estuaire au poison nageur

Un reportage de Marc Delacoste et Olivier Plasseraud

Les populations de truites de mer irlandaises reviennent en force après avoir connu une grosse baisse à la fin des années 80. Et les estuaires sont des sites privilégiés pour les pêcher, dans des décors superbes et des conditions de pêche inhabituelles.

Si l’Irlande est connue en France comme une fabuleuse terre de pêche, c’est pour ses saumons, ses truites et ses brochets. Ses potentialités en truites de mer restent encore curieusement confidentielles chez nous. Elles ont pourtant autrefois fait le bonheur de nombreux pêcheurs britanniques qui venaient nombreux les rechercher spécifiquement sur l’île verte. Et il fut un époque où les truites de mer déchaînaient ici un engouement comparable, sinon supérieur, à celui provoqué par les saumons ou les grosses truites de lacs. Malheureusement, le développement des fermes marines d’élevage de saumon ont gravement mis en périls les populations de truites de mer à cause de la prolifération de parasites qu’elles engendrent. Sous l’assaut des poux de mer, les populations de truites de mer qui vivaient près des côtes où se sont installé des fermes marines ont rapidement décliné. Mais la situation semble changer. Est-ce le résultat de nouveaux traitements visant à contrôler ces parasites ? Ou une adaptation des truites de mer aux parasites ? Toujours est-il que de nombreuses populations sont aujourd’hui en plein renouveau, notamment dans le Nord Ouest de l’île.

On connaît la pêche des truites de mer en rivière lors de leur remontée, mais elles se pêchent aussi très bien dans leur zone de grossissement, en estuaire

Les truites de mer irlandaises se pêchent classiquement en rivières lors de leurs remontées estivales, mais aussi en mer et en estuaires. Bon nombre de rivières irlandaises forment en effet des estuaires protégés particulièrement remarquables, possédant sur plusieurs centaines de mètres voire de kilomètres, la morphologie de fjords, de grandes rivières dont le courant évolue au gré des marées. L’autre particularité de la plupart de ces estuaires est de ne pas contenir de vase, mais un fond de sable clair, une eau limpide et des berges constituant des plages que ne renieraient pas les plus belles cartes postales de paradis tropicaux… palmiers en moins bien entendu ! Ces estuaires constituent des écosystèmes extrêmement productifs où vers, crevettes et lançons abondent. Et tout naturellement, les truites de mer profitent de l’aubaine et colonisent en nombre ces garde-manger en puissance.

Les truites de mer irlandaises ne sont pas des monstres, inutile de raconter des histoires. La plupart font entre 300 g et 2 kg. Ce qui fait leur force, c’est leur densité. On peut ainsi, si on tombe bien, prendre entre 10 et 20 de ces lingots d’argent au cours d’une partie de pêche. Et quand on connaît leur combativité et leur propension à se défendre en surface et à sauter vigoureusement, on comprend qu’on a là que quoi vivre des parties de pêche mémorables.

Le poisson nageur, technique préférée de Sylvain Duvinage pour la truite de mer

En estuaire, ces truites de mer peuvent se pêcher de différentes façons. Aux appâts avec des lançons vivants ou des fleurettes de maquereaux derrière une bombette, aux leurres, que ce soit à la mouche (streamers imitations de poissons fourrage) ou au lancer.
Sylvain Duvinage, guide français installé en Irlande depuis une dizaine d’années, adore traquer ces acrobates argentés en estuaire. Et pour lui, rien ne vaut la pêche au poisson nageur. Il utilise pour cela un matériel très léger, avec une canne à lancer de 1,80 m, du 16 ou 18/100 et des poissons nageurs de 4 à 7 cm. Les truites de mer chassent en effet activement les lançons, sprats ou autres, qui vivent dans les estuaires et de petits jerk-baits manœuvrés juste sous la surface sont donc tout indiqués. La première des choses à faire est de localiser les secteurs où chassent les truites de mer. Soit on connaît déjà quelques zones de chasse préférentielles, soit on longe les berges à la recherche de manifestations de surface, lançons qui giclent ou saut de truites de mer. Les truites de mer se manifestent en effet fréquemment par des chasses actives sur les lançons qu’elles poursuivent voracement, mais aussi par des sauts, qui permettent de les repérer de loin. Si vous voyez un poisson sauter ou si vous entendez un « splash », il y a de fortes chances pour que ce soit une truite de mer. Curieusement, les truites de mer signalent ainsi fréquemment leur présence par des sauts, qu’il n’est pas toujours évident d’attribuer à un acte de chasse, mais qui sont très utiles pour les localiser.
Ensuite, reste à les convaincre d’attaquer le poissons nageur qu’on leur présente. Pour cela, Sylvain préfère une animation très saccadée, faite d’une succession de tirées sèches et très courtes conférés par l’intermédiaire du scion, qui déséquilibrent le leurre et le font évoluer par petits bonds de 10 à 30 cm entrecoupés d’arrêts brefs d’une seconde ou moins. La récupération ne doit surtout pas être rapide tout en étant très saccadée. Elle se fait se fait canne basse, en récupérant lentement au moulinet le mou provoqué par les coups de scion qu’on agite d’à-coups secs mais de faible amplitude. C’est toute l’originalité et la subtilité de cette animation. Le poisson nageur récupéré linéairement, même s’il a une nage superbe, sera suivi, accompagné jusqu’à vos pieds, mais pratiquement jamais attaqué. Si vous vous contentez d’une classique récupération au moulinet alternant quelque ralentissements et coups de scion, vous provoquerez bien quelques éclairs argentés derrière le leurre, mais pas plus de touches réelles en dehors de rares périodes de folie prédatrice.

Une animation vraiment spécifique qui fait toute la différence

Pour Sylvain, c’est l’arrêt de récupération complet entre deux coups de scion qui fait la différence. Le bref « mou » ainsi créé permet au jerk bait d’augmenter le déséquilibre de sa nage et l’amplitude latérale de ses mouvements. Si la ligne est légèrement tendue entre les saccades, le nez du poisson nageur reste orienté dans le sens de la récupération, et son déplacement traduit beaucoup moins la panique désordonnée qui stimule l’attaque. Autre point important, ces secousses entrecoupées de moments à fil détendu brefs permettent de faire « claquer » les billes métallique du leurre. Si vous exercez une traction permanente de récupération, même en agitant le scion ou en modifiant la vitesse du moulinet, vous n’obtenez pas cet effet sonore provocant, car les billes restent plaquées dans leur logement. Vu de l’extérieur, ça donne d’ailleurs un air de névropathe pris de tremblements qui se répercutent jusque dans le scion de sa canne. Mais au final, c’est diablement efficace ! La touche est généralement très franche et sans équivoque. Ensuite, musique : départ en trombe, chandelles, piqué et double vrille, ces truites sont de véritables boules de nerfs. Et sur un matériel aussi léger, c’est du plaisir à l’état pur. De temps à autre, un gros maquereau vient varier le menu, qu’on reconnaît immédiatement à sa défense tout en puissance et au fond. En clair, si votre truite ne saute pas dans les trente secondes suivant le ferrage…c’est un maquereau ! Il n’est en effet pas rare que maquereaux et truites de mer chassent dans les mêmes secteurs, particulièrement si d’importants bancs de lançons ou de sprats y sont présents. Lorsque nous y avons pêché, en juin dernier, nous avons même pris des truites d’estuaire, des slob trout, qui vivent partiellement en eau douce et en eau saumâtre. Ni tout à fait fario, ni vraiment truites de mer. Leur robe illustre parfaitement ce compromis qui consiste à vivre en eau saumâtre : elles ne sont ni argentées, ni brunes, mais d’un délicat mélange des deux. Au meilleur moment de la journée, alors que nous avions localisé une zone de chasse bien visible près du bord, nous avons vécu un moment particulièrement intense. En une grosse heure de pêche au milieu de boules de lançons qui ne cessaient d’exploser sous les assauts venus du dessous, nous avons pris une vingtaine de poissons, tantôt truite, tantôt maquereau, en une pêche vraiment excitante et pleine de surprises.

Et au final, ce séjour fût, comme le plus souvent ici, une réussite. L’île est toujours aussi belle, les Irlandais toujours aussi sympathiques et accueillants et les poissons toujours aussi coopératifs (même si la pêche reste la pêche). Alors si on ajoute aux truites et aux saumons la perspective de pêcher des truites de mer dans des endroits aussi insolites que ces estuaires irlandais, cela fait encore une raison de plus d’aimer l’Irlande. Comme s’il était nécessaire d’en rajouter !

Quels poissons nageurs ?
D’après Sylvain Duvinage, les poissons nageurs les plus efficaces sur les truites de mer sont de petits jerk bait de 5 à 7 cm. Il préfère en outre les modèles suspending à billes, de couleurs plutôt claires (argenté ou transparent). Son modèle de base est le Rapala Husky Jerk Suspending HJ – coloris GMN en taille 6 cm

Du bord ou en bateau ?
La plupart des pêcheurs pratiquent du bord. Ce qui ne pose aucun problème. Mais Sylvain préfère utiliser une barque. Elle est en effet un plus indéniable et présente deux avantages principaux : elle permet tout d’abord d’attaquer les bancs de truites de mer qui chassent loin du bord, mais elle autorise surtout une grande mobilité, précieuse dans les grands estuaires où il est important de changer rapidement de site lorsque celui choisi ne se révèle pas porteur.